mardi 3 février 2015

Gestation pour autrui : le Conseil d’Etat valide la circulaire Taubira sur la reconnaissance des enfants nés de GPA à l’étranger - Décision CE, 12 décembre 2014 Association Juristes pour l’enfance et autres N° 367324, 366989, 366710, 365779, 367317, 368861

Contenu de la circulaire du 25 janvier 2013
Par cette circulaire la garde des Sceaux permet la délivrance de certificats de nationalité française pour les enfants qui sont nés à l’étranger de parents français « lorsqu’il apparaît, avec suffisamment de vraisemblance qu’il a été fait recours à une convention portant sur la procréation ou la gestion pour le compte d’autrui ».
Ainsi le seul fait que l’enfant soit issu d’une gestation pour autrui (GPA) ne peut pas suffire à opposer un refus aux demandes de certificats de nationalité française.
Cette circulaire a fait l’objet de plusieurs requêtes en annulation devant le Conseil d’Etat.
                                                                                            
Décision du Conseil d’État
Le Conseil rappelle que les juridictions administratives ne sont pas compétentes pour connaître des questions de filiation et de nationalité. Cependant, les requêtes qui tendent à l’annulation de circulaires ministérielles sont de sa compétence.

Dans un premier temps, le Conseil d’État rappelle que le processus de gestation pour autrui est interdit en France. En effet, les contrats de gestation ou de procréation pour autrui sont frappés d’une interdiction d’ordre public par le code civil. 

Dans un second temps, le Conseil d’État rejette les requêtes en annulation contre la circulaire Taubira du 25 janvier 2013 au motif que « la seule circonstance qu’un enfant soit né à l’étranger dans le cadre d’un tel contrat, même s’il est nul et non avenu au regard du droit français, ne peut conduire à priver cet enfant de la nationalité française ».
Le Conseil se base notamment sur l’article 18 du Code civil, qui dispose que toute personne est française lorsque « l’un des parents au moins est français ». Dès lors, même si l’enfant est issu d’une gestation pour autrui, il doit être reconnu comme français.

Comme l’a rappelé le rapporteur public dans ses conclusions, cette décision intervient peu après la récente condamnation de la France en juin dernier par la Cour européenne des droits de l‘homme (Affaire Mennesson c. France, requête n°65192/11 ; Affaire Labassée c. France, requête n°65941/11). La CEDH avait mis en avant « l’intérêt supérieur de l’enfant » pour obliger la reconnaissance d’un enfant né à l’étranger par GPA.


Pour les opposants à cette pratique cette décision est une reconnaissance indirecte de la GPA. Ainsi, le couple pourra concevoir l’enfant par GPA à l’étranger puis le faire naturaliser français par adoption. Par conséquent, malgré le rappel de l’interdiction d’une telle pratique en droit français, ce rappel est anéanti par la solution.

SC

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Affaire Mennesson c. France

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